Il s’est approché doucement avec sa barque pleine d’eau. J’ai d’abord pensé qu’il était en train de couler mais ne remarquant aucun signe de panique sur son visage, je me suis dit qu’il devait certainement savoir ce qu’il faisait. Son petit moteur Seagle le propulsait à la vitesse d’un nageur moyen, autant dire qu’il n’était pas question pour lui de s’éloigner des côtes. Je me trouvais à l’arrière d’un vieux bateau en bois qui fait la navette entre Singapore et l’île de Bintan en Indonésie. Une fois accosté au petit débarcadère, l’homme au chapeau s’est amarré à notre « ferry » pour remplir nos réservoirs d’eau. Avec ces trous béants qu’il y avait dans sa coque, cela ne pouvait pas être de l’eau douce. Je suis à peu près certain que ce sont les réservoirs des toilettes qu’il a rempli mais, mon Indonésien ressemblant plus à un langage des mains très primitif, je n’ai pas réussi à comprendre pourquoi il naviguait avec cette barque trouée qui, aussi étrange que cela puisse paraitre, ne coulait pas. La scène n’avait pas l’air d’intriguer les autres passagers mais pour moi, le mystère du porteur d’eau de Bintan reste entier.
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